Parc du Portugal

Visite du quartier portugais

Activité socioculturelle du 23 octobre 2016 

Tous les ans, à l’automne, la SROH organise une activité socioculturelle à l’intention de ses membres.  Cette activité s’inscrit toujours dans un objectif d’élargissement ou de consolidation de la connaissance que nous avons de notre environnement et du monde dans lequel nous évoluons.  C’est aussi l’occasion de prendre du temps pour nous retrouver dans un cadre moins formel. Cette année, c’est à une excursion à pied dans le quartier portugais de Montréal que les membres, leurs familles et leurs amis ont été conviés, dimanche le 23 octobre, avec comme guide M. Yvan Drouin de « Tours Kaléidoscope ».  

Malgré le temps frais, gris et maussade une bonne douzaine de vaillants marcheurs, souriants heureux de se sont retrouvés à 10 heures pile au parc du Portugal, angle boulevard St-Laurent et rue Marianne pour une ballade commentée de deux heures et demie.  Ce parc a été construit en 1980 et refait en 1990.  Le parc est l’œuvre de l’architecte paysagiste Carlos R. Martinez, qui a également conçu et aménagé le parc des Amériques que nous avons aussi croisé durant cette visite.  Plusieurs artisans d’origine portugaise ont travaillé à cette restauration et c’est pourquoi on y retrouve plusieurs des éléments décoratifs traditionnels portugais : le pavé, le coq de Barcelos perché sur le toit du kiosque à musique et des monuments commémoratifs de la vague d’immigration portugaise de 1953 à 2003 à Montréal. 14

Au fil de la promenade, nous avons appris qu’une vague importante de nouveaux arrivants portugais s’est installée à Montréal à la fin des années cinquante.  Ces nouveaux Montréalais venaient majoritairement des Açores, un archipel de 9 îles volcaniques situées dans l’océan Atlantique à environ 1 500 km des côtes du Portugal et à 2 500 km au sud-est de Terre-Neuve. Ces gens ont quitté leur pays suite à une irruption volcanique sur l’Île de Faïal qui s’est produite sur une très longue période durant l’année 1957-58.  

Plusieurs éléments de l’histoire de nos concitoyens montréalais d’origine portugaise sont clairement inscrits, disponibles aux yeux de qui sait les décoder, dans la rue, sur le pavé, sur les murs des bâtiments, dans le mobilier urbain ou encore camouflés dans le paysage architectural du quartier.

Au début des années 1960, un grand nombre de familles originaires du Portugal s’installent autour des rues Coloniale, de Bullion, Roy et Rachel. Elles contribuent à freiner la détérioration du quartier, ce qui leur a valu un prix d’excellence de la part de la Société d’architecture de Montréal en 1975.20

À cette époque, fin des années 1950 et début des années 1960, le gouvernement canadien a soutenu l’immigration d’un groupe important de jeunes hommes, travailleurs et catholiques, afin d’aller chercher de la main d’œuvre, mais aussi afin d’encourager des mariages « mixtes » entre jeunes hommes portugais et jeunes filles canadiennes et plus spécifiquement montréalaises.  Il semble toutefois, selon notre guide, que ces jeunes hommes portugais sont d’abord venus s’installer à Montréal, ont trouvé du travail et que la majorité d’entre eux ont ensuite fondé leur famille avec leurs petites amies portugaises qu’ils ont ensuite fait venir ici.  Ce n’est donc qu’à partir de la 2e génération que des mariages « mixtes » entre personnes d’origine portugaise et Montréalais ont commencé à se faire.

À partir du parc du Portugal, en route vers l’église Santa Cruz,  nous marchons sur la rue St-Laurent. Nous y faisons plusieurs arrêts devant de grandes affiches présentant des pans de l’histoire de la communauté portugaise.

Sur Rachel formant comme un passage réduit en raison d’édifices en briques de plusieurs étages, construits près de la rue, une immense carte du quartier portugais, faite de tuiles bleu et blanc, des « azulejos », installée en hauteur sur le mur extérieur d’un des édifices  adjacents à la rue.  Puis, le passage s’ouvre sur une grande place devant l’église Santa Cruz, et là encore un immense azulejo mixant les thèmes classiques de la mer, des voyages, des départs, de l’attente à une facture plutôt moderne.17

Nous faisons un bref arrêt devant le 3919 de la rue Clark, la plus ancienne synagogue juive orthodoxe du Canada.  L’édifice fut construit en 1899 et la communauté juive orthodoxe s’y est installée en 1922.  Il semblerait, selon notre guide, que, les jours de sabbat, le rabbin actuel qui habite dans le quartier « Côte des neiges » marche de chez lui jusqu’à la synagogue, dans le quartier portugais.

Devant les façades bleues, vertes et jaunes de la rue Coloniale, notre guide nous a expliqué que cette coutume de couleurs a été apportée à Montréal par les pêcheurs portugais.  C'est d’abord leur barque qu’ils peignaient de couleurs vives.  Et ils utilisaient ce qui restait de peinture pour peindre leur maison – ou tout au moins la façade de leur maison.  La barque du pêcheur et sa maison étaient de la même couleur.15

De cette façon, lorsqu’ils étaient en mer,  leur barque restait bien visible pour les gens qui restaient à terre.  Et les éventuels acheteurs de poissons savaient, par la couleur de la maison, à quel endroit, chaque jour, ils allaient trouver du poisson frais… C’était une forme de publicité. Transportée dans une rue de Montréal, cette belle coutume met de la couleur dans la ville.

La visite a été ponctuée de quelques petits arrêts gastronomiques: d'abord une visite à une épicerie fine: plusieurs en ont profité pour prendre un petit café ou un chocolat chaud, acheter une pâtisserie, un morceau de fromage. Ensuite, un arrêt dans une pâtisserie portugaise du quartier a permis à la majorité d’entre nous de faire le plein de « pastéis de natas », ces délicieuses pâtisseries portugaises aux œufs !!! Lorsque nous sommes sortis de la pâtisserie vers 12 h 15, le soleil s’est montré le bout du nez, et le temps s’est un peu adouci.  C’est autour d’un bon dîner dans un restaurant portugais que plusieurs d’entre nous ont terminé ce périple portugais en terre du « Plateau Mont-Royal ».