La Société de recherche en orientation humaine (SROH) a tenu une activité culturelle le 07 novembre 2016 à la Librairie «Le Port de Tête » sur Mont-Royal Est à Montréal dans le cadre du Festival du Monde Arabe (FMA).
L’activité était gratuite et ouverte au public. Plus d’une vingtaine de personnes était présente dont huit membres et amis de la SROH. L’ambiance était conviviale et agréable.
L’activité s’est déroulée en deux temps :
En un premier temps, le FMA a présenté deux poètes de l’âge d’or du monde arabe, Abou Nouwas et Abul Alaa Al-Maari sous forme d’un dialogue imaginé par M. Ollivier et interprété par deux jeunes québécois. Il a été suivi d'un échange entre M. Ollivier et le public sur ces 2 personnages.
En un deuxième temps, la SROH a présenté un tableau sommaire de ce que fût cet âge d’or du monde arabo-musulman. Cette initiative a été proposée par Yousr Masmoudi soutenue par Joanne Larose, toutes deux membres de la SROH. Joanne a d’abord présenté brièvement la SROH au public présent et a fait le lien entre cette activité et la mission de la SROH : c’est dans un cadre d’éducation et de promotion d’une vision globale et multidimensionnelle de l'humain dans la société que s’inscrit cette activité. Elle participe au renforcement de l'identité humaine par la découverte des apports civilisationnels qui ont participé à la construction de la société d’aujourd’hui.
Pour permettre au public de suivre plus facilement cette description du portrait de l’âge d’or du monde arabo-musulman, deux documents ont été distribués au début de l’activité. Le 1er résumait les différents apports et impacts de cet âge d’or du monde arabo-musulman et le 2ème présentait une dizaine de savants de cette époque-là.
C’est dans une atmosphère détendue et parfumée au thé à la menthe accompagné de petits gâteaux orientaux, offerts gracieusement par la SROH, que Yousr Masmoudi a dressé un portrait sommaire des impacts majeurs de l’âge d’or arabo-musulman sur le patrimoine contemporain de la majeur partie des sciences notamment la philosophie, la médecine, les mathématiques, l’astronomie, la sociologie, la géographie et tant d’autres. La civilisation arabo-musulmane, allait, dès le septième siècle de l’ère chrétienne, poursuivre son extension vers l’Inde, pour ensuite absorber une partie de la Chine. Elle s’est étendue jusqu’en Europe notamment en Espagne et en France en passant par l’Afrique. L’Âge d’or islamique est traditionnellement daté entre le milieu du VII jusqu’au XIII siècle.
Ensuite, dans une dynamique de questions-réponses avec le public, Yousr Masmoudi a dressé le portrait de quelques noms de grands savants qui ont marqué cet âge d’or du monde arabo-musulman tels que : Abbas Ibn Firnas, Al Khawarizmi, Al Razi, Ibn Sina et plusieurs autres.
Finalement, après cet échange sur dix éminents savants, le dialogue s’est poursuivi avec le public pour deviner quelques mots d’origine arabe que nous utilisons quotidiennement. Que de découvertes et de surprises !! Que diriez-vous de :
Alchimie, alcool, alcôve, algèbre, algorithme, ambre, amiral, arsenal, artichaut, assassin, aubergine, avarie, azimut, banane, bougie, café, calibre, carafe, caramel, coton, échec, échec et mat, épinard, satin, sirop, sofa, zéro , et des dizaines d'autres....
L’activité s’est enrichie tout au long de son déroulement grâce aux différentes interventions du public qui a apporté des compléments d’information et des références fortes intéressantes.
Voici un court résumé de ce qui a été présenté lors de cette activité culturelle :
La véritable apogée de la civilisation musulmane allait néanmoins se manifester avec plus d’éclat entre le VIlle et le IXe siècle, et plus particulièrement au temps des califes Haroun Al Rachid (786-809) et Al Ma’mûn (813-833).
Au temps de ces califes, la Maison de la sagesse ou «beyt el hikma», est mise à la disposition de l’élite savante musulmane, juive et chrétienne, notamment pour la traduction des ouvrages grecs et indiens. Des dizaines d’écoles et d’observatoires ont été érigés dans la plupart des métropoles et les savants de l’islam y enseignaient et y traduisaient les ouvrages d’auteurs grecs, indiens et chinois célèbres.
Cet âge d’or permettra aux musulmans d’acquérir de nombreux savoirs venus d’Asie, tels que les techniques de fabrication du papier et de la poudre à canon. La fabrication du papier et de l’encre fut cependant le principal domaine dans lequel les musulmans avaient particulièrement excellé. En effet, la papeterie avait connu en islam un tel essor que des dizaines de manufactures allaient rapidement voir le jour à Samarkande, Bagdad, Damas et au Caire. Ce qui permit la construction de l’immense bibliothèque du Caire baptisée la Maison de la Science ou Dar Al Ilm fondée au temps du calife fatimide Al Aziz (975-996), et qui contenait, à elle seule, plus de deux millions d’ouvrages.
Pour le califat omeyyade d’Andalousie, Cordoue était, jusqu’à la fin du Xe siècle, aux côtés de Bagdad et de Constantinople, l’une des trois plus grandes métropoles du monde. La ville espagnole disposait, déjà à cette époque, de routes pavées et était dotée d’un ensemble d’infrastructures, dont un système d’éclairage public, de distribution des eaux et d’évacuation d’égouts. De même qu’une grande université qui accueillait les savants et érudits venus des quatre coins du monde. La première université au monde, Al Quaraouiyine, a été fondée en 859 par une femme du nom de Fatima al-Fihri. Cette université se situe à Fès, au Maroc, et elle est encore en activité.
Les savants de l’islam s’étaient également rendus célèbres dans le monde par leurs connaissances médicales. Citons, à ce propos, la grande encyclopédie médicale (Al Qânûn) d’Ibn Sînâ (980-1037) qui sera, des siècles durant, étudiée et commentée en Occident sous le titre du Canon de médecine d’Avicenne. Il en est de même pour Al Râzî (864-925), dont l’encyclopédie jouissait d’une grande notoriété auprès des médecins européens du Moyen Âge. Les cités musulmanes du Moyen Âge étaient réputées accorder une attention particulière aux normes d’hygiène, à telle enseigne qu’à Bagdad, par exemple, il ne se trouvait pas moins d’un hammam (bain maure) par rue. Les structures hospitalières s’étaient également multipliées à la même époque dans toutes les villes musulmanes.
L’apport des musulmans dans les domaines de la géographie, de l’algèbre et de la géométrie n’ont également pas été des moindres. On sait, en effet, que les savants de l’islam allaient être, à bien des égards, les sauveurs de l’héritage géographique gréco-romain, syriaque, perse et indien (R. Tibbetts, 1992) et qu’ils seront les plus fidèles traducteurs des géomètres grecs, tels qu’Euclide et Ptolémée (A. Djebbar, 2005). Il leur revient aussi d’avoir été les premiers à adopter le système décimal et d’avoir produit de grands mathématiciens, tels qu’Al Khawarizmi (780-850), auxquels l’Occident doit, entre autres, la découverte du chiffre zéro et des algorithmes.
Cette brève rétrospective, résumant le haut niveau de développement culturel et économique atteint par la civilisation musulmane aux premiers siècles de l’islam, donne à penser que la référence à «un âge d’or» musulman n’est pas une vue de l’esprit. La réalité historique de cet âge d’or rappelle, sur bien des aspects, les années de gloire que connurent Rome et la Grèce antiques au temps de leur apogée.
Référence: (*) Cf Toualbi Thaâlibi Issam, Regards sur la société musulmane du XIe siècle : du triomphe du conformisme juridique au déclin de la pensée philosophique dans le monde arabe, in Revue européenne des sciences sociales, n° 50.1, 2
Les dix savants les plus marquants de l’âge d’or du monde arabo-musulman :
ABBAS IBN FIRNAS – L'homme volant- qui a été le premier dans le monde, bien avant Léonard de Vinci, à entreprendre le projet fou de voler dans les airs tel un oiseau.
AL KHAWARIZMI - le père de l'algèbre et célèbre pour son apport colossal aux mathématiques et qui a donné naissance au mot «algorithmes".
AL-RAZI – surnommé Docteur Mamour a été l’un des pionniers de la médecine expérimentale sept siècles plus tôt que la renaissance. Al-Razi, est reconnu pour ses talents scientifiques et la rigueur de ses observations.
IBN KHALDOUN – le sociologue qui a inspiré Auguste Comte est né en 1332, ce natif de Tunis est considéré comme le précurseur de la sociologie moderne.
IBN SINA – ou Avicenne pour les Occidentaux, est né le 7 août 980 à Afshéna, dans l'actuel Ouzbékistan. Grâce à ses travaux, de nombreuses maladies furent diagnostiquées et traitées, telles que la méningite ou encore le diabète. Il est l’auteur de la première encyclopédie médicale, appelée en Europe le Canon d’Avicenne, traduit en latin puis diffusé sous forme de manuscrits. Pour les seuls XV et XVI siècles, le Canon Médical connut plus de trente-cinq rééditions.
CHERIF EL IDRISSI – Le « Trip Advisor » des temps modernes. Il est l’un des pionniers de la géographie descriptive. Il rédigea une sorte de guide du routard avant l'heure, reprenant l’ensemble des spécificités géographiques mais aussi des us et coutumes locales pour décrire l’Italie, l’Espagne et l’Afrique du Nord.
JABIR IBN HAYYAN - L'alchimiste. Né en 721, celui qu’on appelle Geber en Occident, a fait passer la chimie d’un art occulte à une discipline scientifique. Il a devancé les préceptes de la chimie moderne d’à peu près dix siècles.
IBN ROCHD –ou Averroès tel qu’il est connu en Europe, a vécu entre l’Espagne et le Maroc. C’est le "père de la laïcité" car il tentera de séparer raison et foi. Surnommé "Le Commentateur" par ses pairs, c’est son analyse des œuvres d’Aristote qui le rendra célèbre en Occident.
TAQI-AL-DIN – Né à Damas en 1526, Taqi-Al-Din s’est intéressé au domaine de l’astronomie et de la mécanique optique. C'est lui qui inventa la pompe à eau, devançant ainsi les Européens d’à peu près un siècle. Il a aussi inventé le télescope, permis la mise en place de la première horloge-réveil dans l’histoire, en 1556, et contribué à la construction de 1er observatoire astronomique à Istanbul pour concurrencer les observatoires européens.
ABU AL-QASIM AL ZAHRAWI - Le chirurgien, appelé Avenzoar en Europe est originaire de Cordoue. Il est le père fondateur de la chirurgie moderne. Il est l’auteur d'une encyclopédie de 1500 pages où il a consigné et illustré plus de 200 instruments chirurgicaux, il fut l’un des premiers savants à expérimenter la médecine sur le corps animal pour tester la viabilité des opérations chirurgicales. Il a aussi conduit des examens post-mortem sur des humains qui lui ont notamment permis de fournir une description détaillée du cœur.
Référence: Huffington Post