La solidarité a-t-elle toujours un sens?

La solidarité a-t-elle toujours un sens?

Compte rendu de l'activité du 10 décembre 2010

Une expérience du terrain en Haïti avec Maryse Pepin, coopérante volontaire et membre de la SROH

Luc DupontLa Société de recherche en orientation humaine (SROH) organisait une table ronde le 10  décembre dernier au centre communautaire la Perle retrouvée à Montréal.  Cette rencontre se voulait une occasion d’échanger sur le sens de la solidarité et de la coopération en s’inspirant d’une expérience sur le terrain de Mme Maryse Pepin.

Notre conférencière, une mère, une professionnelle chevronnée et une personne engagée nous a apporté un vibrant témoignage de son expérience qui nous a permis de constater l’ampleur des défis qui confrontent la société haïtienne dans leur quotidien depuis des dizaines d’années et dont le terrible séisme de janvier 2010 en a amplifié la problématique.  Son exposé était accompagné d’un montage illustrant comment des actions concrètes pouvaient atténuer la souffrance tout en étant porteuses d’espoirs. 
Son jeune fils Charles, 11 ans, qui l’a accompagné dans l’une de ses missions humanitaires, a partagé son expérience de prise de contact avec des adolescents de son âge, propos qui ont bien démontré comment la couleur de la peau n’était pas une barrière à la solidarité humaine. Il a par ailleurs souligné comment il était difficile pour la population de vivre son deuil, une souffrance qui s’ajoute aux défis matériels de survie causés par le séisme. Cette souffrance, on a parfois tendance à l’occulter en faisant l’apologie de la résilience haïtienne, ce qui paradoxalement semble nous réconforter dans notre indifférence et notre inaction.
Maryse Pepin et Luc DupontNos frères et sœurs québécois d’origine haïtienne  sont sans doute les plus sensibles aux conditions d’existence actuelle dans la perle des Antilles. Cette sensibilité humaine existe bien sûr en raison des liens affectifs et filiaux qui se manifestent spontanément avec le pays d’origine ou le pays des grands-parents ou de la famille élargie.  Cette sensibilité existe également en raison de la connaissance qu’a la communauté de la réalité du terrain.
L’existence d’un esprit de solidarité doit commencer par une prise de conscience de l’autre. En d’autres termes, l’autre ne doit pas être une abstraction, mais bien un être humain, en chair et en os, qui vit, qui a des espoirs, des besoins, des enfants, des parents, de la famille ou des grands parents. Pour faire preuve de solidarité, il est nécessaire de prendre conscience de ses besoins tout comme du chemin dans lequel il compte s’engager pour s’affranchir de sa condition de survie.

La solidarité passe également par une conscience de soi.  Quelle est la motivation à l’origine du sentiment de solidarité?  Est-ce uniquement l’idée de se donner bonne conscience?  Si le geste de générosité n’est pas conforme aux besoins, on se donne bonne conscience, sans plus.

Il y a quelques années, les Nations unies ont réalisé une étude sur les coopérants qu’elle dépêchait sur le terrain. L’étude a démontré quelques caractéristiques types du comportement du coopérant.  Dans un premier temps, il est animé d’une conviction profonde qu’il peut à lui seul changer le monde.  Au fur et à mesure que les mois passent, et que la réalité ‘rabote’ ses idéaux, le coopérant traverse une phase de désillusion, phase que l’on appelle également la traversée du désert.  Par la suite, il se ressaisit, pour se concentrer sur des actions concrètes qui ne peuvent peut-être pas changer le Monde avec un grand M mais changer la trajectoire et influencer les conditions d’existence de plusieurs.
La solidarité s’inscrit à notre avis dans un processus de développement, qui touche tant les conditions immédiates de survie que la transformation des mentalités à moyen terme.

Nous vivons aujourd’hui dans une société ou la culture de l’instant présent est la norme.  Les différents médias, l’Internet portent à notre connaissance des éléments d’actualités ou des événements qui sombrent ensuite dans l’oubli, nous laissant croire que tout est réglé.  Pensons ici non seulement aux conséquences tragiques du terrible séisme en Haïti, mais aux inondations dévastatrices au Pakistan ou au désastre écologique dans le golfe du Mexique. Tout ça pour dire que nous sommes vite à passer à autre chose.

Les personnes présentes à la conférence ont apporté un soutien financier à hauteur de 1300$ pour apporter un soutien aux efforts de Mme Pepin sur le terrain en Haïti.  La soirée a également été agrémentée par une prestation magistrale de M. Joe Trouillot, un célèbre chanteur d’origine haïtienne qui nous a permis d’apprécier comment la chanson du pays pouvait apporter baume et réconfort.  Nous remercions vivement M. Trouillot de nous avoir initiés à certains éléments du répertoire haïtien qui ont su charmé notre cœur et notre esprit.

P. Luc Dupont, Président, SROH

 Photos en Haïti

Maryse Pepin en HaïtiEnfants en HaïtiEnfants en Haïti